Histoire de Jacques Bissonnette

FAMILLE JACQUES BISSONNET (1645-1723)

Fils de feu Jean Bissonnet et de Marie Goupillet demeurant au village de la Chapelle-Palluau, en Vend�e, Jacques �tait natif de la ville de La Flotte, petit port de mer, situ� sur le versant nord de l'�le de R�, aujourd'hui d�partement de la Charente-Maritime. Au d�but de l'ann�e 1665, le port de LaRochelle bourdonnait d'activit�. Sur l'ordre de Louis XVI, des compagnies du r�giment de Carignan-Sali�res s'appr�taient � partir pour la Nouvelle-France. T�moin de ce d�ploiement militaire, Jacques Bissonnet est attir� vers le Nouveau-Monde. Il sollicite un engagement pour le Canada aupr�s du sieur LeGaigneru, armateur. L'entente est conclue � LaRochelle, le 31 mars 1665, dans le bureau du notaire Teuleroen et sans assignation pr�cise, quelques jours plus tard, il faisait voile vers l'Am�rique.

Lors du premier recensement g�n�ral de la Nouvelle-France ordonn� par l'intendant Talon et dress� durant les mois de f�vrier et mars 1666, on retrace notre jeune aventurier de 21 ans, � Trois-Rivi�res, chez le sieur Louis T�treau o� il travaille comme domestique. Son contrat termin� et les clauses respect�es, Jacques Bissonnet manifesta le d�sir de s'installer en terre canadienne et d'y fonder un foyer. Pour atteindre son but, par acte pass� devant le notaire Ren� R�my, le 26 juillet 1669, il achetait pour le prix de 150 livres, la terre de Cl�ment Coulardeau, de 2 arpents de front sur 30 de profondeur et situ�e au Cap de Varennes. Cette ferme forme aujourd'hui une parcelle de la paroisse Sainte-Anne de Varennes, inclure dans le comt� de Verch�res. Autrefois, elle faisait partie de la seigneurie du Cap Saint michel qui fut conc�d�e, le 14 mai 1668, par le gouverneur de Courcelle � messieurs Jacques Lemoyne de Martigny, commissaire des magasins du roi et � Michel Messier, sieur de Saint-Michel, lieutenant de la milice des habitants de l'�le de Montr�al.

Cette seigneurie commen�ait au milieu de l'embouchure de la rivi�re Notre-Dame et descendait d'une lieu de front sur le fleuve Saint-Laurent, et englobait deux �les ayant chacune environ trois-quart de mille de longueur sur 8 � 10 arpents de largeur, Cette cession faite sans en inscrire la profondeur, ne fut conc�d�e qu'� la seule condition "d'y faire travailler incessamment". C'est sans doute pour de manque de pr�cision que l'Intendant Talon exigea, le 3 mai 1672, un nouvel acte de concession qui fut suivi le 27 f�vrier 1673, d'un proc�s-verbal de bornage effectu� par l'arpenteur Jean LeRouge qui en fixa la profondeur � une lieur et demie. Ces deux co-seigneurs qui �taient beaux-fr�res, pr�voyant des difficult�s au niveau des h�ritiers, proc�d�rent, le 1er ao�t 1676, � un acte de partage r�dig� par le notaire Basset. Jacques Lemoyne garda la partie en amont nomm� fief Notre-Dame et Michel Messier conservait la partie en aval qui fut appel� Cap de la Trinit�. Est-ce par erreur qu'en 1702, on en intervertie les d�nominatifs, tandis qu'en 17223 on en revenait � l'appellation originale. A cause des alliances futures entre les familles Messier et Bissonnet, leurs descendants deviendront coh�ritiers et propri�taires conjoints de cette seigneurie.

Les quelques notes explicatives concernant al seigneurie du Cap-de-la-Trinit�, bien partie de certains descendants de la famille Bissonnet, nous ont �cart� de notre personnage principal Jacques Bissonnet que nous retrouvons, le 10 novembre 1670, en compagnie de Mlle Marguerite Collet, dans l'�tude de ma�tre Thomas Fr�rot, notaire � Boucherville. Les futurs �poux sont venus y faire inscrire leur contrat de mariage. L'abb� Hughes Pommier, cur� de la paroisse de la Tr�s-Sainte-Famille leur donna la b�n�diction nuptiale neuf jours plus tard. La nouvelle �pouse d�clarait alors �tre la fille de d�funt Eustache Collet et de Marie Fournier demeurant sur la rue Saint-Jacques, en la paroisse de Saint-Beno�t, de la ville de Paris. Les d�buts de la vie conjugale de Jacques Bissonnet et de Marguerite Collet furent tr�s modestes. L'humble colonisateur travaillait p�niblement � d�fricher sa concession afin de pourvoir � la subsistance de sa famille qui d�j� comptait deux gar�ons: Pierre et Nicolas.

Ses moyens financiers ne lui avaient pas encore permis de poss�der un cheptel dont sa famille ressentait le besoin. Pour rem�dier � cette n�cessit�, le 9 avril 1673, Jacques Bissonnet louait de Jacques Messier, une vache qui lui fournirait le lait, la cr�me et le beurre n�cessaire. �conome et excellent travailleur, Jacques Bissonnet eut, en 1675, l'opportunit� de louer la terre de son voisin Pierre Picard. Il saisit l'occasion de profiter de quelques arpents d�frich�s, dont l'exploitation serait profitable aux siens. Par acte pass� devant le notaire Fr�rot, le 13 juin de cette m�me ann�e, il devenait locataire, pour deux ann�es enti�res de cette ferme d'une superficie de 60 arpents, qu'il ach�tera le 4 juillet 1683, au prix de 350 libres, dans le but d'y installer, un jour son fils a�n� Pierre. Malheureusement, ce d�sir ne sera point r�alis�, la mort lui ravit son fils, le 26 novembre 1687, alors qu'il n'avait que 15 ans. Lors du recensement de 1681, Jacques Bissonnet, son �pouse et leurs six enfants r�sidaient encore sur la ferme acquise en 1669, dont 8 arpents �taient d�frich�s et o� broutaient un cheptel de 3 b�tes � cornes.

Les ann�es ont pass�, le p�re et la m�re ont connu des jours de bonheur, mais ils ont aussi v�cu des heures triste. De leur union �taient n�s 16 enfants: 7 d'entre-eux moururent jeunes, 9 atteignirent la maturit�: 4 filles et 5 gar�ons qui ont laiss� une nombreuse descendance principalement dans la r�gion de Montr�al, les comt�s de Varennes, Verch�res et Saint-Jean. Jacques bissonnet contribua beaucoup � l'�tablissement de ses fils et dota ses filles lors de leur mariage. En 1720, par acte d'�change et pour avantager son fils Alexis, il modifia ses terres. Puis, le 2 ao�t 1723, devant le notaire Marien Tailhandier, il vendait, pour une somme de 400 livres, une partie de son domaine � Pierre Laleu dit Lamontagne. Ce contrat fut le dernier que signait ce colonisateur canadien. Il mourut le 28 novembre 1723, �g� de 84 ans, et sa d�pouille mortelle fut inhum�e dans la cave de l'�glise de Varennes.

Un an plus tard, le 20 octobre 1724, le notaire Nicolas Senet dressait un proc�s-verbal des meubles ayant appartenu � la communaut� entre feu Jacques Bissonnet et Marguerite Collet . Le lendemain, on proc�dait � l�encan de ces effets mobilier et la veuve se retirait chez son fils Jean Bissonnet � qui elle vendait le 11 janvier 1729, la terre paternelle achet�e en 1669 de Cl�ment Coulardeau. C'est sur cette ferme o� en coop�ration avec son mari elle avait travaill� avec tant d'ardeur, qu'elle s'�teignit le 5 juin 1730, �g�e de 77 ans.

Les 24 et 29 juillet suivant les fils et filles de Jacques Bissonnet et de Marguerite Collet, avec l'aide de Joseph Boucher, proc�daient � un acte de partage des biens de leur p�re et m�re. Le 6 ao�t de la m�me ann�e, devant le notaire Marien Tailheandier, ils ratifiaient cette convention. Ce contrat portait la signature ou la marque de Nicolas, Catherine, Alexis, Elizabeth et Joseph, seuls survivants de ce couple de pionniers qui sur le sol canadien, par leur labeur et leur abn�gation ont contribu� au d�veloppement du Canada.

Texte tir� d'une �mission de Radio-Canada. Retour � la page d'Histoire des Bissonnette